sete  A lire : cet appel des 180 (dont je fais partie)    pour que la culture soit réellement prise en  compte par les candidat(e)s à l'élection  présidentielle, toutes tendances confondues.    C'est l'essence même de ce que nous sommes. 

 Publié sur le Huffington Post puis relayé par les Inrocks, le  Figaro,...

 Nous entrons en campagne aujourd'hui. Non pas  pour prendre position pour l'un-e ou l'autre des  candidat-e-s ni pour dresser un catalogue précis de   mesures catégorielles mais pour lancer un appel à  celles et ceux qui prétendent aux plus hautes  fonctions de la République.

  C'est un appel à ne pas renier le passé: Dans ce monde qui change vite et qui emporte souvent avec lui les certitudes du passé, un-e Président-e ne doit  pas renier l'héritage commun de cette politique culturelle que nous avons tous en partage. Il plonge ses racines chez Beaumarchais qui a su faire  émerger le droit  d'auteur pour protéger les créateurs de la mainmise des puissants et garantir une plus grande liberté de création et d'expression – un  combat toujours actuel. Il se prolonge avec cet engagement continu de défendre et de promouvoir la diversité culturelle.

  C'est un appel à la conscience et à la responsabilité pour construire l'avenir. Sans ses auteurs et ses artistes, sans ses œuvres, sans sa langue, la France  ne serait pas ce qu'elle est. Il y a aussi une conviction: notre politique culturelle, aussi efficace et indispensable soit-elle, n'a jamais été confrontée à  autant  de défis.

 Relever les défis mais aussi lutter contre les faiblesses de l'action publique. Nous en connaissons les limites : entre autres, des risques de  désengagements  budgétaires; des inégalités criantes envers les femmes et les minorités; une frilosité à soutenir la diffusion des œuvres, et en  particulier d'auteurs vivants dans le théâtre ; un financement fragile pour un service public de télévision qui se doit d'offrir une création diverse et audacieuse ; une démocratisation culturelle largement inachevée ; une éducation artistique qui n'est pas assez développée ; un soutien insuffisant à des établissements de proximité et des initiatives fragiles pourtant indispensables pour faciliter l'expression artistique et l'accès du public aux œuvres.

C'est un appel à agir vite et fort en Europe. Va-t-on continuer longtemps encore à supporter ces menaces et cette mise en cause permanente du droit d'auteur, ou plutôt du droit des auteurs, et du financement de la création vilipendés matin, midi et soir? Il n'y a pourtant aucune fatalité à ce que le droit d'auteur et le numérique ne puissent se concilier. Ceux qui nourrissent cette dualité sont les tenants d'une modernité factice qui visent à opposer des créateurs, considérés comme de oisifs nababs, à des géants de l'Internet, bienveillants, généreux et sans arrière-pensées commerciales.

Cette idéologie, qui fait aussi le lit des populismes, relève de la résignation et de la démission. Il y a bien un avenir pour la culture et la création, diverse et plurielle, en Europe, pour peu qu'on s'en donne l'ambition et qu'on définisse des règles pour encadrer le numérique.

C'est un appel à ne pas uniformiser la culture: depuis une quinzaine d'années, s'est développée une forme de dérive, insidieuse mais réelle, qui a eu tendance à faire de la politique culturelle une politique des industries culturelles, niant dans le même temps qu'elle devrait d'abord servir la création, dans sa diversité, son originalité, sa richesse et dans sa capacité à créer un lien social et culturel.

A trop négliger l'idée que les œuvres n'étaient pas des biens comme les autres et à oublier qu'il faut une diversité d'auteurs pour assurer une diversité culturelle, une forme de banalisation de la culture a prospéré: l'art et la culture ont été rebaptisés "industries créatives", les œuvres sont devenues des "contenus" et les spectateurs se sont transformés en "consommateurs".

Derrière ces mots, se dressent des réalités implacables et incontestables: les conditions de création et de rémunération se sont dégradées, les auteurs sont soumis à diverses formes de censure, économiques et parfois même politiques, la diversité de la création se trouve en sursis. Jusqu'à quand ?

C'est enfin un appel à faire de la culture un enjeu politique. Pour mettre un terme au silence qui entoure désormais les enjeux pour la création dans les campagnes électorales. Pour répondre aussi à la question la plus essentielle: une politique culturelle, à quoi ça sert ?

Liste complète des signataires:

Nelly Alard, Jean-Paul Alègre, Bruno Allain, Fabien Arca, Eric Assous, Stéphanie Aubin, Ancelin Auclerc, Roland Auzet, Sylvie Aymé, Sabrina B. Karine, Abdelkrim Bahloul, Patricia Bardon, Dominique Baron, Antares Bassis, Jean-Michel Baudoin, Luc Béraud, Emmanuelle Bercot, Elodie Bergerault, Renaud Bertrand, Thomas Bidegain, Brigitte Bladou, Jean-Christophe Bleton, Christophe Botti, Françoise Boublil, Lyèce Boutkhitine, Nicolas Boukhrief, Veronika Boutinova, Virginie Brac, Patrick Braoudé, Catherine Breillat , Stéphane Brizet, Pierre-François Brodin, Serge Bromberg, Irina Brook, Brigitte Buc, Christian Carion, Jean-Michel Carré, Jacqueline Cauët, Denise Chalem, Luc Chalifour, Sylvie Chanteux, Malik Chibane, Catherine de La Clergerie, Sandrine Cohen, Laurent Contamin , Sylvie Coquart, Johann Corbard , Costa-Gavras, Jean-Philippe Costes-Muscat, Miguel Courtois, Denis Cressens, Dominique Crevecoeur, Catherine Cuenca, Jean-Philippe Daguerre, Marina Damestoy , Audrey Dana, Adeline Darraux, Aline dedeyan , Jean-Christophe Derrien, Juliette Deschamps, Sophie Deschamps, Isabelle Destrez, Vincent Dheygre, Louis Dunoyer de Segonzac, Nicolas Durand-Zouki, Pascal Dusapin, Jacques Fansten, Joël Farges, Jean-Paul Farré, Michel Favart, Jean-Teddy Filipe, Guy Foissy, Frédéric Fort, Olivier Fox, Pierre Frenkiel, Didier Gauroy, Khaled Ghorbal, Christel Gonnard, Denys Granier-Deferre, Flore Grimaud, Alain Guesnier, Victor Haïm, Betty Hania, Laurent Herbiet, Philippe Hersant, Sophie Hiet , Caroline Huppert, Jean-Pierre Igoux, Severine Jacquet, Christophe Joaquin, Arthur Joffé, Sandrine Joly, Pascal Kané, Laurence Katrian, Caroline de Kergariou, Liliane de Kermadec, Corinne Klomp, Gérard Krawczyk, Philippe Laïk, Dominique Ladoge, Christelle Lamarre , Chloé Lambert, Anne Landois, Daniel Larrieu , Christine Laurent, Anik Le Ray, Benjamin Legrand, Micheline Lelievre, Salomé Lelouch, Jocelyne Lemaire-Darnaud, Laurent Lévy, Lorraine Lévy, Philippe Lioret, Jean-Jacques Lonni, Antoine Lorenzi, Sophie Loubiere , Isabelle Magnin, Arnaud Malherbe , Justine Malle, Pascale Manigaud, Christophe Maniguet, Marie-Castille Mention-Schaar, Frédéric Michelet, Radu Mihaileanu, Christine Miller-Wagner, Pascal Mirleau, Sylvain Monod, Gérard Mordillat, Steve Moreau, Cyril Morin, Richard Nataf Yves Nilly, Alain Nahum, Hervé Nouvel, Jacques Nunez-Teodoro, Philippe Ogouz, Benjamin Oppert, Euzhan Palcy, Charlotte Pailleux , Dominique Paquet, Natacha Paquignon, Olivier Péray, Thierry Petit, Franck Philippon, Stéphane Piéra, Laura Pelerins, Blandine Pélissier, Vincent Poymiro, Dominique Probst, Karel Prokopp, Cecile Proust, Félix Pruvost, Nathalie Rafal, Anne Rambach, Antoine Rault, Vincent Ravalec, Sandrine Ray, Jacques Richard, Jean-Philippe Robin, Pauline Rocafull, Eric Rondeaux, Brigitte Rouan, Christian Rouaud, Eric Rouquette, Christophe Ruggia, Nicolas Saada, Alain Sachs, Agnès de Sacy, Jean-Paul Salomé, Marion Sarraut, Sylvie Seidmann, Guy Seligmann, Arnaud Selignac, Michel Sibra, Michele Sigal, Nicole Sigal, Charlotte Silvéra, Jean-Pierre Siméon, Jean-Pierre Sinapi, Jean-François Sivadier, Frédéric Sojcher, Elsa Solal, Christiane Spiero, Alain Stern, Blandine Stintzy, Régine Suhas, Luc Tartar, Bertrand Tavernier, Cecile Telerman, Frédéric Tellier, Victoria Therame, Marie-Pierre Thomas, Eric Toledano, Philippe Touzet, Jean-Paul Tribout, Patrick Vanetti, Yvan Varco, Panchika Velez, Philippe Venault, Eric Verat, Eric Verdin, Pauline Verhelst, Dominique Veyrier, Daniel Vigne, Eliane Vigneron, Florence Vignon, Georges Werler, Aurelie Youlia, Fatma Zohra Zamoum